A propos de médiation.... et selon moi.
La médiation est mal connue…
Dans l’entreprise, lorsque l’on interroge les responsables, tous s’accordent sur la pertinence de la médiation.
Savoir s’asseoir, se parler, apaiser les tensions, s’écouter et trouver une solution également consentie à un différend, donne le sentiment qu’une société est dirigée avec sang-froid et intelligence.
Avec ce positionnement, on s’imagine que la médiation est la voie privilégiée lorsque l’entreprise est confrontée à un conflit... et bien le recours à la justice prévaut, presque machinalement.
Pourquoi la médiation est-elle peu présente alors qu’elle recueille tous les suffrages ?
Nos entreprises se développent sur des équilibres financiers fragiles que la loi et ses tribunaux rassurent.
Lorsque qu’une situation est bloquée, les salariés se tournent vers les prud’hommes, les managers négocient avec des armes juridiques en embuscade, les dirigeants s’apaisent avec des lettres d’avocat.
Tous, dans les faits, écartent souvent la médiation ou n’en connaissent même pas l’existence.
Quelle que soit l’importance des structures, quelle que soit la nature du conflit.
On connait pourtant les conséquences et les enjeux du conflit en entreprise. On sait qu'il faut agir vite et très concrètement.
Faire entrer rapidement un médiateur neutre et impartial, permet dans bien des cas, de désamorcer les problèmes qui ralentissent ou compromettent la bonne réalisation des projets.
Pour les particuliers, et plus précisément dans le cadre de la famille, la justice a un coût qui n'est pas toujours accessible.
La solution est plutôt donc, de subir le conflit et vivre avec ses conséquences plus ou moins supportables, au quotidien.
Là encore la médiation est pourtant une solution très adaptée dans un conflit qui s’envenime et qui a besoin d’être urgemment désamorcé. Une solution accessible financièrement.
La médiation commence, cependant, à s'installer dans tous les domaines.
C'est un outil très performant qui donne des résultats plus que convaincants, amenant le législateur à l'encourager en légiférant en sa faveur.
Grâce à son taux et sa qualité de résolution avérés, la médiation permet de désengorger les tribunaux efficacement.
Pourquoi la médiation donne de très bons résultats ?
Les résultats montrent que les accords de médiation sont solides et règlent une grande partie des conflits car il sont construits précisément en fonction de la situation contrairement à la loi qui est nécessaire au général mais souvent, mal adaptée au cas particulier.
Un procès, c’est une guerre. Une escalade où l'on cherche à manipuler n'importe quel argument pour en faire une arme contre l'autre. Un procès est long (14 mois en moyenne), coûteux, aléatoire, et exacerbe nos émotions et amertumes.
Au contraire, un arrangement n’a ni vainqueur ni vaincu. Il permet aux parties d'obtenir une solution acceptable pour tous. L' apaisement donc.
La loi est impersonnelle et résout les problèmes avec des textes rigides, alors qu’un conflit est humain donc relatif, et qu’adapter les décisions sur mesure, au cas particulier, les rend plus fortes et surtout pérennes.
Ce sont les arguments que les entreprises comme les particuliers entendent.
En effet, certains d'entre eux ont dû subir des décisions de justice qui ne convenaient finalement à aucune des deux parties, laissant une certaine amertume et des relations définitivement rompues.
On ne se sent parfois pas vraiment gagnant même si on a gagné notre procès...
La médiation protège la relation commerciale, familiale, ou professionnelle et particulièrement lorsqu’elle doit se poursuivre dans le temps.
Le procès rompt la relation. Il est très difficile lorsque l'on s'est affronté (voire déchiré) devant un tribunal de pouvoir retrouver une relation apaisée.
La confidentialité est une question essentielle dans la médiation. L’entourage dans un conflit commente beaucoup et parfois à tort et à travers. Les amis prennent parti, les collègues se liguent…
Les parties ont besoin d’être sécurisées pour pouvoir lâcher prise et parler de tout, particulièrement si les relations perdurent après la médiation.
Ce qui est dit en médiation reste en médiation.
Cette notion de confidentialité est un atout pour les personnes impliquées dans un conflit.
Les problèmes ne sont pas exposés aux yeux de tous, et sont réglés dans une certaine discrétion coupant court à la rumeur ou à la dégradation de l’ambiance au sein des équipes, d’une famille, ou d’un couple.
Il n'y a plus de témoin ou de prise à parti.
La médiation comme alternative au recours juridique..
« Médiation », « Conciliation », « Arbitrage » ne sont pas réellement dissociés dans les esprits.
Il faut donc les différencier pour mieux comprendre l’intérêt et la force de la médiation.
L'arbitrage est un mode de justice privée, animée par un arbitre qui a le même rôle que le juge, c’est à dire de prononcer un jugement exécutoire.
La conciliation, elle, est un pouvoir du juge, qu'il délègue à un conciliateur. C'est un auxiliaire de justice bénévole, qui doit essayer de rapprocher les parties. Il est désigné par les parties mais n'est pas nécessairement indépendant. Il fait, lui-même des propositions ce que ne fait absolument pas le médiateur. La solution au litige est librement acceptée par les parties mais elle est le fruit de son interprétation de la situation et de ce qu’il pense, lui.
La médiation, elle, vise à aider les parties à trouver par elles-mêmes la solution au conflit qui les oppose, dans un cadre neutre et dans la plus stricte confidentialité.
Le médiateur ne propose pas de solution, ne conseille pas et ne juge pas.
Ainsi, on comprend la force d’une solution négociée, car elle est issue de la seule volonté des parties.
On remarque par exemple que les sociétés, lors d’un différend, s’emparent de la justice comme d’un bouclier protecteur ; c’est dans la culture française : on a besoin d’un litige tranché, par une autorité forte et indiscutable : le juge. (Mais dont la décision deviendra discutable si son jugement est en notre défaveur...)
La médiation est parfois assimilée à un compromis et donc associée à une position de faiblesse alors que l’accord de médiation n’est pas un compromis : on ne se résigne pas, on ne renonce pas.
Et elle ne cherche pas un compromis car il ne fait que des insatisfaits.
La médiation est une négociation raisonnée qui cherche à établir un équilibre entre les parties : la solution devient acceptable pour tous.
Il y a deux types de médiations...
La médiation judiciaire : Le conflit a déjà pris une tournure procédurale et le juge va ordonner une tentative de règlement à l’amiable et saisir lui-même un médiateur. Il donne trois mois, (renouvelable une fois) pour sortir du conflit par la médiation. L’accord trouvé par la médiation, pourra être homologué par le juge.
La médiation conventionnelle : deux parties ont un différend et font appel à un médiateur en dehors de toute procédure judiciaire.
Le médiateur n’est pas là pour négocier, son rôle est de restaurer l’envie de se remettre à négocier.
Aller vers une négociation positive est une force, le contraire du repli et de la fragilité, une solution solide et pérenne surtout.
Le législateur l'a bien compris, la loi évolue aujourd'hui en faveur de la médiation.